Je pensais être une fille d’esclave, je suis encore une sœur d’esclave !

Article : Je pensais être une fille d’esclave,  je suis encore une sœur d’esclave !
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20 novembre 2017

Je pensais être une fille d’esclave, je suis encore une sœur d’esclave !

J’étais en visite à l’Ile de Gorée en mars dernier, lors de ma formation au Centre Régional de Leadership de Dakar YALI (Young African Leadership Initiative). J’avais écrit un article sur mon premier blog intitulé ‘’Je suis une Fille d’Esclaves’’, car j’estimais que cette page honteuse et douloureuse de l’Afrique était restée derrière. Avec la découverte d’un commerce de migrants africains (noirs) en Libye, je réalise que cette page n’est pas totalement tournée.

L’esclavage est encore là, oui, encore au 21ème siècle, à l’ère ou les machines ont remplacé la main d’œuvre humaine. En 2017, il existe encore des esclavagistes. Ils sont Africains et exploitent leurs frères africains, contrairement à quelques siècles auparavant, où ce sont les colonisateurs (blancs) qui étaient les esclavagistes.

L’Ile de Gorée VS La Libye : du Trafic Humain à l’Esclavage
Le XVe siècle voit l’avènement d’une pratique barbare qui perdurera au moins trois siècles : le commerce triangulaire. Les Européens, soucieux de se procurer à moindre coût de la main-d’œuvre pour travailler aux colonies, mettent en place un trafic humain. Les riches propriétaires terriens ont en effet besoin de bras pour cultiver leurs champs. Des navires qui partent en Afrique à la recherche d’esclaves qu’ils achètent aux rois indigènes contre quelque verroterie et les conduisent en Amérique. Les esclaves ayant résisté à la terrible traversée sont alors vendus dès leur arrivée au port. Ceux qui tombaient malades, étaient jetés à la mer pour réduire des risques de contamination ou de se lancer dans un processus de soins médicaux. Quinze à vingt millions d’hommes, de femmes et d’enfants seront déportés en quatre siècles dans des conditions atroces par les négriers. Les chambres de pesage étaient réservées aux hommes qui devaient passer outre-mer mais qui n’avaient pas encore 60 kilos, il fallait donc les ‘’mettre en forme’’ avant de passer outre-mer.

Du commerce humain à l’esclavagisme en Libye
C’est un traitement scandaleux et inhumain qui exhume chez les Africains de lointains et douloureux souvenirs surgis d’un passé que l’on croyait révolu. Un commerce immoral qui prolifère dans l’indifférence totale dans une Libye dévastée par la guerre.
Des migrants subsahariens « échangés » entre 200 et 500 dollars pour ensuite être affectés à des travaux de maisons libyennes. D’autres séquestrés, torturés et obligés à appeler leurs familles afin qu’elles payent leur libération. En Libye, dénonce l’OIM dans un communiqué, des centaines de migrants et de migrantes subsahariens sont vendus publiquement dans des « marchés » ou des garages. Après avoir acheté des humains, ceux-ci deviennent leur « propriété ». Certains étaient libérés après avoir convaincu, sous la torture, leur famille de verser entre 300 000 francs CFA (environ 480 dollars) et 600 000 francs CFA (970 dollars environ) via un transfert. Les femmes migrantes sont victimes de sévices corporels et contraintes aux travaux domestiques de leur « acheteur », ou sont réduites en esclaves sexuelles.

Les pratiques « esclavagistes » en cours en Libye et le commerce qu’elles vont contribuer à faire naître, sont presque comparables à celles du temps de l’esclavage dont l’île de Gorée, au large de Dakar porte encore les vestiges avec sa très visitée « Maison des esclaves ».

Je suis la fille et la sœur d’esclaves, mais je ne suis pas une esclave !
L’île de Gorée constitue jusqu’à nos jours, une page honteuse et douloureuse de notre histoire, et nous sommes encore hantés par cette partie de notre histoire. Oui nous venons de cette terre qui a tant souffert et qui continue de souffrir de ce crime contre l’humanité, nous ne pouvons pas changer cela, nous avons un parent qui a vécu cela, oui je suis une fille et une sœur d’esclaves mais cela ne fait pas de moi une esclave je suis libre d’aller où je veux de faire, ce que je veux. Le cas de la Libye est encore plus douloureux car elle est cette fois infligée par des confrères africains de la Libye.
Muhammad Kadhafi doit se retourner dans sa tombe ! Lui qui a passé toute sa vie à œuvrer pour une Afrique Unie. Je n’accuserais personne car nous sommes tous responsables de ce qui se passe en Libye. Moi, la sœur, ait je dissuadé ou fait des actions pour convaincre mes frères de ne pas croire au rêve Européen ? Vous les transporteurs qui vous enrichissiez sur le mirage de ces jeunes qui acceptiez de les amener sur la mer sachant que la vie n’est pas rose de ce côté êtes tout aussi responsables. Enfin mes frères et sœurs, pourquoi aller travailler comme des Esclaves pour un autre pays sachant qu’il y a tant à faire au Mali, chez soi. Et si on travaillais dans la dignité dans notre propre pays ce n’est pas mieux ? Oui au travail mais non à l’Esclavage.

Les Esclavagistes, je ne les accuse de rien, car si une personne arrive au point où elle s’enrichit sur le dos d’êtres humains, de manière barbare et inhumaine, elle ne mérite plus d’être appelée « être humain ». Je suis une sœur d’Esclaves mais je n’en suis pas une parce que je pense que le paradis est la maison aux cotés de papa et maman, à travailler durement pour mon pays.Je préfère toujours qu’on me dise Sœur d’Esclave à sœur d’Esclavagiste !

Pour lire mon article sur l’Ile de Gorée cliquez sur ce lien :

Je suis une fille d’esclaves !

 

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