Mon pénible et excitant voyage en bus de Bamako à Accra

Article : Mon pénible et excitant voyage en bus de Bamako à Accra
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23 avril 2018

Mon pénible et excitant voyage en bus de Bamako à Accra

Je n’ai pas pris l’avion. Et alors? Ça change quoi? L’essentiel c’est d’arriver à destination. J’avais aussi envie de vivre cette aventure, une première pour moi : aller seule dans un pays en bus. J’ai quitté Bamako le mercredi 11 Avril 2018 pour rejoindre Accra, pour une formation en anglais, immergée dans un pays anglophone. Mon voyage a été pénible pour le corps mais très instructif pour l’esprit! Je vous raconte…

Ceux qui me connaissent savent que les voyages et moi ont toujours fait bon ménage. Mais je vous rappelle que la distance qui sépare Bamako d’Accra est de 1473 Km.

Mon père m’a déposé à la gare à 06h45. La séparation a été dure, vue la complicité que j’ai avec lui. Pour ne pas donner libre cours aux larmes, il n’a même pas attendu les formalités, il m’a déposé rapidement et est parti sans regarder en arrière. J’ai laissé glisser quelques larmes que j’ai vite essuyées.

Ensuite, quelle ne fut pas ma surprise, à l’enregistrement des bagages, lorsque j’ai appris que l’on doit payer quelques verroterie pour faire enregistrer ses valises (à partir de 1000 F par valise) et ce après avoir payé le billet pour le transport. J’ai quand même payé, tout ce qui m’importait c’était de partir pour réaliser mon rêve.
J’ai quitté Bamako à 08h00 avec la compagnie de transport « Bani ».

Le début d’un long voyage…

Sur la route, j’apprécie le paysage : la vraie beauté de la nature, la profondeur et la diversité de ce grand territoire qu’est le Mali. Après une ou deux heures de route, nous arrivons au premier poste de contrôle de Bougouni, à 149 km de Bamako.

On nous a demandé de sortir pour passer au contrôle des pièces d’identité. Une fois descendues du bus, ma copine Diala Doukouré et moi, nous sommes dit qu’on avait du temps pour chercher les toilettes… Il s’en est fallu de peu pour que le bus parte sans nous! On a dû courir à 100 à l’heure! C’est dans ces moment-là que nous découvrons nos talents d’athlètes. Rires. 

Nous avons continué le voyage avec enthousiasme, en regardant un film Burkinabé sur un ancien combattant à la recherche de sa pension. Ça a détendu l’atmosphère. Nous sommes arrivés à Sikasso à 13h40 pour une pause. On en a profité pour déjeuner et prier.

Abus de pouvoir des policiers

Prochain arrêt : le poste frontalier de Heremakono, le dernier du territoire malien. À ce poste, ils doivent prendre les pièces d’identité de chaque passager pour mettre des cachets sur les passeports. Nous étions toujours au Mali et les maliens ne sont pas censés payer tant que l’on est sur ce territoire! Ce sont les non-maliens qui doivent payer une somme de 1000 à 2000 francs CFA, ça varie selon leur humeur.

Mais la corruption existe à tous les niveaux, elle gangrène l’administration, particulièrement au sein de la police. Pour que les pauvres voyageurs puissent avoir leurs pièces et remonter à bord, tout le monde a dû payer. On m’avait sifflé que les maliens ne doivent pas payer et j’ai quand même dû payer les 1000 francs pour ne pas retarder les autres…

Mais voulant chercher loin, j’ai cherché à savoir pourquoi on m’avait pris cet argent, à moi et à tous les autres d’ailleurs! Leur réponse a été de me confisquer mon passeport… Juste pour avoir réclamé mon droit de citoyenne malienne! De l’abus de pouvoir! Le policier, se sentant intimidé par les regards et les protestations des autres voyageurs, a fini par me le rendre, avec un faux-semblant de professionnalisme. De toute façon, j’ai mes deux armes pour dénoncer ces abus : mon bic et mon cahier de notes!

Moi, cherchant de l’inspiration, CP: Diala Doucouré

Après cet incident, nous avons repris la route… avec des contrôles interminables! Des descentes à chaque poste pour le contrôle des pièces : le poste de Koloko, la police transfrontalière du Burkina, la Gendarmerie et trois autres postes dont je n’ai pas demandé le nom à force… A chacun de ces postes, nous avons dû payer 1000 ou 2000 francs CFA.  Nous sommes finalement arrivés au poste de Bobo à 19h25.

Nous avons enfin pu prendre un dîner. Figurez-vous que j’ai pris des brochettes. C’était la seule chose qui pouvait passer… Sinon c’était de la bouillie, du riz, de la salade ou de la viande rôtie. Comme si nous avions le choix de toute façon! On mange. Si ce n’est pas de la viande Hallal, Dieu nous pardonnera après. J’espérais juste ne pas avoir de diarrhée!

J’ai continué la route en discutant de tout et de rien avec Diala et les autres, avant de tomber de fatigue, dans la fraîcheur de la nuit.

Une nuit sans fin…

CP: Diala Doucouré

Aux environs de 00h30, l’apprenti nous a réveillé et nous a ordonné de descendre du bus. Après quelques minutes d’attente, ils nous ont annonçé que le bus avait une panne et que nous repartirions le lendemain. Nous étions à deux villages de la frontière entre le Burkina et le Ghana, à Dissine.

En pleine nuit, au milieu de nulle part, dans l’obscurité totale! Avec comme seuls signes de vie des voitures de voyage qui nous dépassaient et le bruit des hyènes. On était tous sans espoir. Avec l’envie de dormir, mais la peur du vide nous empêchait de fermer l’œil.

Je suis rentrée dans le bus, il faisait très chaud… Une chaleur rassurante, alors que, dehors, j’entendais des bruits bizarres. Je pensais aux sorciers, aux animaux sauvages, et, pire, aux coupeurs de route*! J’ai fini par descendre du bus, pour essayer de dormir par terre, mais c’était impossible avec le vent. Je suis définitivement rentrée dans le bus pour dormir quand le vent est devenu très frais et violent. La fatigue a fini par m’emporter. J’ai dormi d’un sommeil peu profond. L’inconfort et la peur s’en étaient mêlés.

Je me suis finalement réveillée à 05h00 pour la prière. J’ai rejoint la petite bande que nous avions formée (les êtres humains se rassemblent en fonction de leur état d’esprit) et nous avons commencé à camper, à discuter de tout et de rien, à jouer de la musique, à apprécier la nature dans sa splendeur et sa spontanéité… Ben, la vie est belle! Et puisqu’on était là pour longtemps autant s’y habituer.

Notre bande à coté du bus, CP: Penda Diallo

Vers 13h00, nous nous sommes refroidis, la chaleur et la faim ont commencé à faire leur effet. C’est à ce moment que nous nous sommes renseignés sur l’état du bus. Le mécanicien n’était toujours pas arrivé pour commencer le dépannage… Certains passagers, mécontents, ont pris d’autres bus qui passaient par là… Mais, nous, nous étions tellement bien que nous sommes restés.

Un membre du groupe est parti à la recherche de nourriture. Il est revenu trente minutes plus tard avec une grosse assiette. Nous avons accouru vers lui, tels des lions affamés, prêts à croquer leur proie. Il avait amené des pâtes à base farine et du pain. Le seul hic, c’est qu’il y avait beaucoup de piments! Mais on a mangé quand même. Le plat fini, je me suis rendu compte que le bonheur était en constante évolution, qu’il dépend du contexte et de l’état dans lequel on se trouve. Qu’il suffit de peu pour être heureux!

Cette expérience, sans nul doute difficile, était l’une des plus belles expériences de ma vie.

Un aperçu de la foret de Dissine, là où nous avons eu la panne – CP: Diala Doucouré

Le mécanicien est arrivé peu après, et vers 17h00, nous revoilà sur notre route. Nous avons repris le trajet là où nous l’avions laissé. C’est comme ça le parcours du voyageur : il continue toujours sa route, sa mission, sans regarder en arrière…

Une quinzaine de minutes plus tard, nous sommes arrivés à la brigade territoriale de Ouessa (Burkina Faso). Et c’est là que le sport a recommencé : descendre avec les pièces et attendre qu’on nous appelle et remonter dans le car.
Nous avons franchi la frontière du Ghana à 18h15.

A la frontière du Ghana, CP: Diala Doucouré

Les contrôles ont été plus rigoureux les uns que les autres. Ils ont contrôlé toutes les valises, toutes les pièces, tous les carnets de vaccination, la destination et l’adresse à laquelle l’on se rend, et pour combien de temps. C’était vraiment long, nous en avons profité pour échanger nos francs CFA en Cedis Ghana, pour acheter une puce du pays. Certains ont dîné. Pas moi. J’avais peur d’avoir la diarrhée en route. Rires. 
À 20h00, nous quittions enfin ce poste. Nous sommes arrivés à Kumasi, le vendredi à 09h00 du matin. Nous avons déjeuné là-bas, toujours en causant, car il y avait une 2ème panne… mais moins grave que la dernière. Nous sommes reparti pour Accra à 12H00.

À 16h30, nous arrivions enfin à Accra… avec ses embouteillages.


J’ai fait beaucoup de remarques entre Kumasi-Accra que je partagerai dans mon prochain article, également mes impressions sur la ville.
Mais le plus important, c’est de savoir que je suis bien arrivée à Accra! Cette ville tant rêvée! Malgré les couacs et les épreuves dont je sors grandie.

 

* coupeurs de route : hommes armés qui attendent en bordure de route pour piller les voyageurs

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Commentaires

Jan Zac
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Diallo
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Une vie sans expérience est n'existe pas... par tes écrits j'espère que Nos autorités feront de nous des Maliens car à ce que je vous seuls Nos papiers(civilités) ne suffisent pas

Nouhoum guindo
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Sadya je suis fiert de toi

Ag attaher
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Votre texte est bon. Vous nous avez fait rêver oui. Il faut juste corriger la poste. On dit un poste de contrôle.

Maiga Mariam
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Sadya jolie... Merci pour ce bel article... j'attends la suite avec impatience

Sadya
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Merci beaucoup Mariam, Attaher, Nouhoum et Monsieur Diallo pour avoir lu etcommenté

Tounkara djeneba
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Sadya je voulais vraiment pas arrêté de lire il me semble que j'étais dans le bus entrain d'effectuer ce voyage

Monyka
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Merci pour ce voyage. Je compte vous imiter en octobre prochain et vous raconterai mes aventures. Je suis malienne de cœur, après plusieurs séjours dans votre beau pays où l hospitalité est incomparable, malgré les abus de pouvoir des postes de contrôle. Continuez à nous faire rêver.

Rich King
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J'ai aimé en même ça me sert actuellement car je voyage pour accra