Être une femme africaine en 2020 (2ème partie)

Article : Être une femme africaine en 2020 (2ème partie)
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14 août 2020

Être une femme africaine en 2020 (2ème partie)

A l’occasion de la Journée Internationale de la Femme Africaine, il est important pour les femmes africaines de s’approprier cette date, et de se demander sincèrement ce qu’est une femme africaine en 2020.

La femme rurale :

Elle est peinte comme celle qui véritablement représente la femme africaine, elle réside dans les campagnes, les milieux ruraux, où souvent les conditions de vie restent précaires. Ses journées ne finissent pas puisqu’elles sont longues. Leurs journées commencent à l’aube, elles se lèvent tôt pour aller chercher l’eau au puits ou aux châteaux d’eaux qui se trouvent souvent à des dizaines de Kilomètres du village. Elles sont souvent à vélo comme au Burkina. Après avoir puisé l’eau, elles reviennent faire le petit déjeuner pour toute la famille (son mari, ses enfants, ses beaux-parents, beaux-frères et belles sœurs), à peine fini qu’elle sert à manger à tous avec le même engouement qu’au réveil, telle une machine rechargeable après juste une ou deux heures de sommeil la veille.

Après vient le moment de préparer les enfants (les garçons pour la grande majorité, les filles jusqu’à un certain âge ou avant d’être donnée en mariage) à aller à l’école. Ensuite direction le champs, l’agriculture étant l’une des ressources premières des zones rurales, les femmes rurales en sont des parties prenantes. Elles cultivent des champs, mais n’ont pas accès à la terre alors que le plus gros du travail est effectué par elles. Les terres appartiennent aux hommes, ou à leurs belles familles mais elles sont celles qui font vivre leur famille de ces terres.

De retour du champ, elle rentre cuisiner le déjeuner et amène de la nourriture aux champs pour ceux restés. Le soir, elles pilent le mil, le sorgho ou le maïs pour en faire le diner. Avant le crépuscule, certaines se retrouvent avec des amies à chercher du bois pour la cuisine du lendemain, certains aussi s’organisent en coopératives pour vendre leurs récoltes ou les transformer localement. Elle est déscolarisée ou n’a jamais été à l’école, mariée, soumise, inconsciente de ses droits, et surtout à l’image et à la guise de son époux. Cette ‘’typique femme africaine’’ est à l’image de sa société, est également le socle du foyer à travers sa détermination et son dévouement aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants, un proverbe connu en Afrique dit que « quand un enfant est bien éduqué, il est l’œuvre de sa Mère et est aimé de toute sa communauté et si l’enfant rate sa vie c’est également son œuvre ».

Philosophie de vie

Cette philosophie définit entièrement le rôle de la femme rurale car à la différence de la femme urbaine, les femmes rurales gèrent leur foyer en fonction de cette affirmation ; malgré l’ignorance de leurs droits, ces femmes sont dans la culture de l’autonomisation, dans certains villages ce sont les femmes qui sont les sources génératrices de revenu dans le foyer à travers le commerce, les cultures maraichers sans parler de leur contribution physique dans les champs.

Ce qui ne se dit toujours pas, c’est que cette femme est autonome quoique paradoxal. Par autonomie c’est qu’elle est active, elle cultive, fait de petits commerces pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle est inconsciente des droits qu’elle a, même si ces droits ne lui seront jamais attribués à cause de l’ambiguïté du système de son pays. En effet, il y a souvent une grande différence entre la loi (qui s’applique généralement dans les villes) et l’autorité traditionnelle. Cette autorité qui est dirigée par des chefs traditionnels, confèrent à la femme le rôle de femmes aux foyers. Elles ne sont officiellement pas propriétaires des champs qu’elles cultivent. Quoique quelques pays ont adopté des dispositions légales leur permettant un nombre de quota des terres aménagées. Mais ces lois montrent leurs insuffisances dans les villages qui ont aussi leur système de gestion des affaires publiques. 

Patriarcat

Elle subit beaucoup plus les affres du patriarcat et est très souvent absente du débat politique, souvent présente lors des grandes rencontres internationales sur le Genre, mais plus pour donner des témoignages sur leurs vécus que pour réellement assister aux négociations. Cette femme à elle seule porte sur son dos à elle seule les charges de toute une famille, elle apporte quelque chose sur la table du développement et à l’économie de son pays quoi qu’absente de la table des négociations des grands défis du monde et du débat politique. Cependant, je trouve qu’il est important de mettre en valeur le fait que la souffrance des femmes africaines des zones rurales soit présenté de façon romantique: tenir un bébé au dos, du bois sur la tête ne doivent aucunement être le symbole ultime du dur labeur ou de la vraie féminité africaine. Nous devons surtout tenir compte de l’aspect humain et créer des initiatives permettant à ces femmes d’être tout simplement épanouies et d’être des femmes qu’elles auront choisies d’être.

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